COLONEL MOHAMED MELLOUKI LE JOURNAL : LA 2ème
LECTURE
SAHARA MAROCAIN : (
5ème partie ) L’ALGÉRIE ENTRE LE MARTEAU POLITIQUE ET L’ENCLUME PÉNALE:
Lors d’un conseil restreint à
quelques ministres et généraux, tenu le 8 novembre, pour examiner la question
du Sahara, Mr Bouteflika a jeté le masque. Considérant que cette affaire
s’était trop enlisée, il en a fixé, sans ambages, à ses interlocuteurs, le
terme : avril 2014. Pour la cause, le Conseil a débloqué une enveloppe
financière de pas moins de 760 millions de dollars, affectée au ministère des
Affaires Étrangères. Aussi faramineux soit-il, ce montant importerait peu si,
d’une part, il ne s’ajoutait pas à un financement précédent à hauteur d’un
million de dollars par jour pour la période allant, précisément, jusqu’à avril
2014, attribué à un organisme de lobbying américain, et que, d’autre part, le
département concerné n’était, en fait, qu’un simple paravent composé aux ¾ de
sécuritaires qui élaborent et lui dictent les priorités et les orientations. La
position algérienne sur le dossier du Sahara semble, donc, se radicaliser un
peu plus. Est-elle due à un sentiment d’échec d’une politique à double visage
qui a été pratiquée jusqu’à présent, comptant à terme sur un essoufflement du
Maroc, qui lui ferait tomber le Sahara dans sa main comme un fruit mûr, par
Polisario interposé ? Serait-ce, aussi, la maladie, qui a rendu Mr Bouteflika
plus vulnérable à l’égard de ses faucons militaro-sécuritaires, ou l’échéance
de la présidentielle, qui coïncidera avec le réexamen par le Conseil de Sécurité
de l’extension de la mission de la Minurso aux droits de l’homme, qui ont
poussé le président algérien à vouloir imprimer un tours de vis supplémentaire
à sa diplomatie ? En comparaison de la dynamique algérienne qui se manifeste de
plus en plus directe et agressive à l’égard du Maroc, celui-ci continue
d’adopter bizarrement l’éternelle attitude molle, défensive, conciliante,
donnant l’impression de craindre le pire ou d’espérer ramener l’Algérie à plus
de raison, et d’éviter de rompre certaines amarres de fraternité et de bon
voisinage dont elle ne cesse de nous signifier que c’est son dernier souci. Le
Maroc dispose, pourtant, d’arguments pour neutraliser la manœuvre algérienne et
renverser la tendance. Quelques semaines après sa première élection, en 1999,
Mr Bouteflika avait accordé une interview à la célèbre journaliste libanaise
Mme Giselle Khoury. L’intensité des sentiments qu’il lui portait, largement
médiatisés dès l’époque, l’avait poussé à s’épancher auprès d’elle dans le
secret d’alcôve sur le Sahara marocain. Cet épisode a été rapporté à deux
reprises par l’hebdomadaire Al Ousboue, dans ses éditions du 22/10/2004 et
21/6/2012. La révélation est inédite. Publiée en arabe, je tâcherai de la
transcrire, ci-dessous, aussi fidèlement que possible en français, avant d’en
exprimer ma pensée : - Question : Quelle est votre position dans l’affaire du
Sahara, et est-ce que le Maroc y a des droits ? - Réponse : Le Sahara est une
terre marocaine de père en fils, et je ne peux nier ce qui est confirmé historiquement
; mais en ma qualité de président de l’État algérien, je suis obligé de me
positionner contre cette vérité historique et flagrante et de soutenir le
Polisario et ses mentors pour des raisons strictement politiques. - Question :
Mais pourquoi ? Insinuez-vous que c’est pour complaire aux militaires qui, eux,
seraient hostiles au Maroc, comme en court le bruit dans les milieux politiques
? - Réponse : Je ne flatte personne, ma chère Giselle ; la politique est mon
parcours et mon métier, mais la vérité est que parmi les militaires, j’en ai
des amis en qui j’ai une confiance aveugle, qui croient qu’il est de l’intérêt
de l’Algérie que nous adoptions une attitude hostile au Maroc, dans l’affaire
du Sahara. Je suis obligé de m’aligner sur eux. Après une parenthèse soulevée
par Mme Khoury sur une idylle entre Mr Bouteflika et une dame marocaine, le
dialogue reprend sur l’affaire du Sahara : - Question : Vous êtes un homme
intelligent et un politique avéré. Quel est le secret de votre hostilité
personnelle à la thèse de la marocanité du Sahara, en dépit de votre longue
expérience et vos connaissances en Histoire, sachant que cette dernière
confirme la marocanité du Sahara ? - Réponse : Je vais vous donner une réponse
qui ne doit pas être publiée. En toute vérité, je vous dis que le Sahara est
une terre marocaine, et que le monde entier finira tôt ou tard par admettre
cette vérité, parce que les archives de l’Histoire le prouvent, et un droit
reste un droit même si l’injustice essaye de l’étouffer. De même que le
Polisario n’a aucune légitimité ni moyens, et ne constitue pas une entité. Et
les bruits qui se propagent sur l’existence de pétrole dans cette région sont
sans fondement et s’évaporeront avec le temps. Je connais très bien le Sahara
parcelle par parcelle, s’il renfermait du pétrole, vous y trouveriez déjà les
multinationales se faire concurrence sur place. - Question : puisque c’est
ainsi, et que vous reconnaissez que le droit est du côté du Maroc, pourquoi
persistez-vous à vous opposer à la récupération du Sahara par ce pays qui n’a
fait que chasser le colonisateur espagnol par des moyens pacifiques ? Pourquoi
cette hostilité à l’égard d’un pays qui a appuyé l’Algérie lors de sa lutte
d’indépendance ? Avez-vous oublié que les militaires marocains ont pris une
part active importante dans cette indépendance ? L’Histoire, elle, ne
l’oubliera pas, si vous, vous voulez l’oublier. - Réponse : l’attitude adoptée
contre le Maroc me dépasse, et je ne possède pas dessus de pouvoir de décision.
- Question : Mais vous êtes le président de l’Algérie ? - Réponse : C’est une
grande affaire politique sur laquelle je n’ai pas d’autorité. Et je te prie,
Giselle, de clôturer ce dossier. Mr Bouteflika réitéra son désir que cette
confidence ne soit pas publiée, motivée, a-t-il ajouté, par amour pour une
personne qu’il aime sans borne. Oui, on dit bien que l’amour aveugle. Il peut,
aussi, conduire à la Cour pénale internationale pour les conclusions qui
découlent de ce qui précède : - Mme Giselle Khoury, actuellement fleuron de la
chaîne télévisée Al Âarabia où elle anime l’émission ‘ Bil Âarabi’, est
notoirement connue dans le monde médiatique. À l’époque de l’interview, elle
officiait pour la chaîne LBC. Elle jouit d’une crédibilité professionnelle à
l’international. Elle ne pouvait, donc, avoir inventé ou déformé les propos
attribués à son interlocuteur. - Mr Bouteflika étant président de la
république, ses propos sur le Sahara, même confiés sous le sceau de l’intimité
à Mme Khoury, revêtent un caractère public du moment qu’ils ont été publiés, et
sont susceptibles d’être actés politiquement et juridiquement comme un
témoignage officiel du plus haut personnage incarnant l’État algérien. Le Maroc
se doit d’instrumentaliser cette donne en citant à comparaître devant la Cour internationale
de justice, le président algérien et Mme Giselle Khouri, en vue de conforter le
renvoi du dossier devant cette instance, pour les raisons précédemment évoquées
dans mon 4ème article sur le Sahara ( diffusé sur Internet), et l’interview que
j’ai accordée à l’hebdomadaire Al Ousbou cette semaine même ( n* 763 du 14
courant). - Par ailleurs, en reconnaissant que le Sahara est indiscutablement
marocain de père en fils et qu’aucune contestation de cette marocanité ne peut
être admise, Mr Bouteflika reconnaît ipso facto qu’en hébergeant à Tindouf le
Polisario, l’Algérie donne asile à des Marocains en rébellion ouverte et armée
contre leur propre pays. Elle couvre et encourage, donc, sous son autorité une
organisation terroriste. Un acte relevant logiquement de la jurisprudence
pénale internationale. Le Maroc détient là un atout supplémentaire à faire
valoir tant devant le Conseil de sécurité que pour saisir, cette fois-ci, la
Cour pénale internationale. En somme, il faut placer l’Algérie entre le marteau
politique et l’enclume pénale.
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