« Je sais qui a
tué Ben Barka, je sais pourquoi et je sais où son corps se trouve
aujourd'hui ». Yigal
Bin-Nun dit ce qu'il veut
bien dire de « l'affaire Ben Barka ». L'historien prépare un livre
sur l'icône de la gauche marxiste caviare marocaine et dit ne pas souhaiter
voir ses révélations faire la Une des journaux sans véritable appareil
argumentatif.
Tout ce que l'on saura, c'est que Mehdi Ben Barka a été
tué par erreur et que son corps repose quelque part en France. Que la fameuse histoire de la cuve est fausse et que le livre de Boukhari est un tissu de boniments. Qu'il n'y a rien sous la mosquée de Courcouronnes. Que Mohamed Oufkir n'a probablement rien à voir avec l'enlèvement et l'assassinat et que le seul nom récurrent est celui de Dlimi. Que tout a été organisé par Miloud Ettounsi, alias « Chtouki »…
Tout ce que l'on saura, c'est que Mehdi Ben Barka a été
tué par erreur et que son corps repose quelque part en France. Que la fameuse histoire de la cuve est fausse et que le livre de Boukhari est un tissu de boniments. Qu'il n'y a rien sous la mosquée de Courcouronnes. Que Mohamed Oufkir n'a probablement rien à voir avec l'enlèvement et l'assassinat et que le seul nom récurrent est celui de Dlimi. Que tout a été organisé par Miloud Ettounsi, alias « Chtouki »…
Ben Barka: bien plus
que « saheb lihoud »
Mais ce n'est pas tout. Yigal Bin-Nun veut bien donner quelques détails sur un autre sujet explosif : les relations de Mehdi Ben Barka avec Israël et le Mossad.
Mais ce n'est pas tout. Yigal Bin-Nun veut bien donner quelques détails sur un autre sujet explosif : les relations de Mehdi Ben Barka avec Israël et le Mossad.
Il affirme que Ben
Barka était bien plus que « Saheb Lihoud »; Ben Barka aurait eu des
contacts presque quotidiens avec le Mossad, notamment avec le numéro 2, Yaakov
Karoz.
Des relations idylliques qui commencèrent à se ternir lorsque Ben Barka parla ouvertement de prendre le pouvoir au Maroc et demanda non seulement de l'argent, mais aussi des armes à Israël.
Mehdi Ben Barka, tel que le décrit Yigal Bin-Nun, était également attiré par le "modèle de développement israélien."!
Ben Barka aurait demandé à ses interlocuteurs du Mossad des livres pour apprendre l'hébreu ainsi que des manuels concernant le développement rural et agricole en Israël afin de s'en inspirer au Maroc.
Le chercheur israélien s'est basé sur des témoignages d'acteurs de l'époque toujours en vie, mais aussi et surtout sur les archives déclassifiées de l'Etat hébreu.
La relation de Mehdi Ben Barka avec Israël, daterait de mars 1960. Deux documents des comptes rendus classés aux archives nationales du ministère israélien des Affaires étrangères Israélien, dont l'auteur est André Chouraqui, dirigeant de l'Agence juive, rapportent le contenu des rencontres entre ce même André Chouraqui et Mehdi Ben Barka à Paris en Mars 1960.
Le contexte politique marocain est pour le moins tendu. Le gouvernement Abdallah Ibrahim et Mehdi Ben Barka sont en conflit ouvert avec le prince héritier Moulay Hassan. Dans l'un des comptes rendus, Chouraqui écrit : « Au cours de son voyage en Orient, le sultan a mis Ibrahim à l'écart des conversations avec Nasser et les autres souverains du Proche-Orient ».
Le Sultan est revenu transformé au moins sur ce point. Il sait qu'on peut gouverner un Etat seul et « au besoin » en mettant en prison des milliers de personnes.
Ibrahim, par contre, a vu que la politique arabe dont il était l'instigateur n'est plus payante et qu'elle se retourne actuellement contre lui ; d'où, pour lui et ses amis, la nécessité de trouver de nouvelles alliance. Il les cherche alors du côté de l'Occident, des juifs et des forces de gauche.
« Selon ce document, Mehdi Ben Barka affirmait à ses interlocuteurs que le gouvernement Ibrahim avait pris position pour le général Kassem, président de l'Irak dans le conflit qui l'opposait à Gamal Abdenasser au sein de la Ligue Arabe.
Mehdi Ben Barka aurait dit lors de ces rencontres que le mouvement qu'il représentait avait fait le choix de la démocratie que pouvait représenter le général Kassem et les pays africains qui se démocratisaient, plutôt que de suivre le modèle nassérien.
Des relations idylliques qui commencèrent à se ternir lorsque Ben Barka parla ouvertement de prendre le pouvoir au Maroc et demanda non seulement de l'argent, mais aussi des armes à Israël.
Mehdi Ben Barka, tel que le décrit Yigal Bin-Nun, était également attiré par le "modèle de développement israélien."!
Ben Barka aurait demandé à ses interlocuteurs du Mossad des livres pour apprendre l'hébreu ainsi que des manuels concernant le développement rural et agricole en Israël afin de s'en inspirer au Maroc.
Le chercheur israélien s'est basé sur des témoignages d'acteurs de l'époque toujours en vie, mais aussi et surtout sur les archives déclassifiées de l'Etat hébreu.
La relation de Mehdi Ben Barka avec Israël, daterait de mars 1960. Deux documents des comptes rendus classés aux archives nationales du ministère israélien des Affaires étrangères Israélien, dont l'auteur est André Chouraqui, dirigeant de l'Agence juive, rapportent le contenu des rencontres entre ce même André Chouraqui et Mehdi Ben Barka à Paris en Mars 1960.
Le contexte politique marocain est pour le moins tendu. Le gouvernement Abdallah Ibrahim et Mehdi Ben Barka sont en conflit ouvert avec le prince héritier Moulay Hassan. Dans l'un des comptes rendus, Chouraqui écrit : « Au cours de son voyage en Orient, le sultan a mis Ibrahim à l'écart des conversations avec Nasser et les autres souverains du Proche-Orient ».
Le Sultan est revenu transformé au moins sur ce point. Il sait qu'on peut gouverner un Etat seul et « au besoin » en mettant en prison des milliers de personnes.
Ibrahim, par contre, a vu que la politique arabe dont il était l'instigateur n'est plus payante et qu'elle se retourne actuellement contre lui ; d'où, pour lui et ses amis, la nécessité de trouver de nouvelles alliance. Il les cherche alors du côté de l'Occident, des juifs et des forces de gauche.
« Selon ce document, Mehdi Ben Barka affirmait à ses interlocuteurs que le gouvernement Ibrahim avait pris position pour le général Kassem, président de l'Irak dans le conflit qui l'opposait à Gamal Abdenasser au sein de la Ligue Arabe.
Mehdi Ben Barka aurait dit lors de ces rencontres que le mouvement qu'il représentait avait fait le choix de la démocratie que pouvait représenter le général Kassem et les pays africains qui se démocratisaient, plutôt que de suivre le modèle nassérien.
Rencontres soutenues
D'après le document, Ben Barka aurait proposé une solution pratique à un problème qui embarrasse Israël et la communauté juive marocaine : la rupture des rapports postaux entre Israël et le Maroc.
Résultat de l'adhésion du Maroc à la Ligue Arabe, cette rupture avait suscité la mobilisation des organisations juives. Un intense travail de lobbying avait été effectué.
Pourquoi le leader du "progressisme" caviar marocain enjuivé fait-il autant d'efforts vis-à-vis des lobbies juifs et d'Israël lui-même ?
Dans ce fameux document, André Chouraqui écrit : « La deuxième chose qui résulte de ce premier entretien avec Ben Barka est que celui-ci a, avec empressement, accepté l'invitation de visiter Israël.
Si cela se réalise, cela aura des conséquences lointaines non négligeables. Ben Barka, en s'ouvrant à nous, attend de nous un appui moral auprès des Juifs marocains et, très probablement aussi, un appui matériel s'il entre en guerre ouverte contre la monarchie.
Il aura besoin d'argent et d'armes. Il m'a laissé entendre cela d'une manière assez claire ». Selon les archives israéliennes, André Chouraqui organisera, le 26 mars 1960 à Paris, une rencontre entre Mehdi Ben Barka et Yacoov Karoz , numéro deux du Mossad.
Yigal Bin-Nun produit à l'appui de sa thèse un autre document d'archives provenant du Congrès mondial Juif (CMJ). Il s'agit là aussi d'un compte rendu d'une rencontre entre Mehdi Ben Barka et Alexandre Easterman du CJM, à Paris le mardi 5 avril 1960.
Selon ce document, c'est à la demande du leader marocain que la rencontre eut lieu. Easterman y rapporte l'argumentaire déployé par Ben Barka pour s'assurer l'aide du CJM dans son combat contre le pouvoir réactionnaire représenté par la monarchie marocaine.
Ben Barka aurait évoqué une fois encore, l'opposition de son mouvement à la politique de Nasser, et le soutien dont il jouit auprès de nombreux pays africains.
Alexandre Easterman écrit avoir questionné Ben Barka sur la rupture des rapports postaux entre le Maroc et Israël, le refus de permettre de délivrer des passeports aux Juifs marocains pour leur permettre d'émigrer en Israël et le refus d'Abdallah Ibrahim de le recevoir quand il s'était rendu au Maroc.
Ben Barka aurait évoqué là aussi les forces réactionnaires qui rendent toute politique d'ouverture impossible vis-à-vis d'Israël. Il aurait promis à son interlocuteur qu'il s'arrangerait pour que Abdallah Ibrahim le rencontre lors de sa prochaine visite au Maroc.
Selon ce compte rendu, Mehdi Ben Barka a réitéré sa demande d'assistance. « Il (Mehdi Ben Barka) espérait que le Congrès Juif Mondial (CJM ) allait se joindre aux autres éléments "libéraux" pour soutenir son groupe par tous les moyens, et que c'était dans l'intérêt des Juifs que le Congrès devait le faire.
Je lui ai demandé ce qu'il entendait par soutien, et il a répondu : ''Soutien moral et matériel''. Il n'a pas précisé ce qu'il entendait par là et je ne lui ai pas demandé », rapporte Easterman dans ce document.
En conclusion, le dirigeant écrit très cyniquement : « J'ai appris à Paris que Ben Barka avait rencontré nombre de personnes et de délégations juives durant ces dernières semaines. Il apparaît donc qu'il ne m'a pas accordé un privilège spécial en me rencontrant si ce n'est le fait de s'être déplacé chez moi plutôt que le contraire. »
Et d'ajouter : « La nouvelle, et sans précédente sollicitude de Ben Barka à l'égard des Juifs, montre indubitablement sa volonté de nous rassurer, à la lumière de ce qui s'est récemment passé au Maroc. Ses promesses de tout arranger signale son souhait d'obtenir un soutien juif, quel que soit le sens qu'il donne au mot soutien. D'un autre côté, tout ceci suggère que sa position est bien plus faible qu'il ne veut nous le laisser croire. »
Deux événements feront pencher le soutien des organisations juives et d’Israël au profit de celui qui à l’époque n’était encore que prince héritier, Moulay Hassan. En Mai 1960, Mohammed V limoge le gouvernement Ibrahim et installe un gouvernement à la tête duquel il met son propre fils. Le prince Héritier accepte de rencontrer Alexandre Easterman après avoir délégué précédemment Bensalem Guessous à Golda Meir à Jérusalem, et se montre attentif à ses requêtes concernant la sortie des Juifs du Maroc. Un « deal » qui prendra corps en août 1961 avec une véritable évacuation orchestrée des Juifs marocains.
L’historien israélien affirme que Ben Barka, d’après le témoignage de Jo Golan, conseillé de Nahum Goldman, a même effectué un voyage en Israël. Il a aussi reçu un salaire de la part des dirigeants du Congrès Juif Mondial, malgré quelques réticences de la part du ministère des Affaires Etrangères à Jérusalem.
Ben Barka demanda aussi d’envoyer des stagiaires marocains de son parti à l’Institut Afro-asiatique de la Histadrut à Tel-Aviv.
M. Bin-Nun souligne que Ben Barka n’a même pas daigné demander à ses interlocuteurs de garder en secret ses relations avec Israël. Les Israéliens essayèrent de le persuader le leader de la gauche de contenir ses projets belliqueux, de collaborer avec ses adversaires et de ne pas s’aventurer dans une lutte armée contre le Palais.
D'après le document, Ben Barka aurait proposé une solution pratique à un problème qui embarrasse Israël et la communauté juive marocaine : la rupture des rapports postaux entre Israël et le Maroc.
Résultat de l'adhésion du Maroc à la Ligue Arabe, cette rupture avait suscité la mobilisation des organisations juives. Un intense travail de lobbying avait été effectué.
Pourquoi le leader du "progressisme" caviar marocain enjuivé fait-il autant d'efforts vis-à-vis des lobbies juifs et d'Israël lui-même ?
Dans ce fameux document, André Chouraqui écrit : « La deuxième chose qui résulte de ce premier entretien avec Ben Barka est que celui-ci a, avec empressement, accepté l'invitation de visiter Israël.
Si cela se réalise, cela aura des conséquences lointaines non négligeables. Ben Barka, en s'ouvrant à nous, attend de nous un appui moral auprès des Juifs marocains et, très probablement aussi, un appui matériel s'il entre en guerre ouverte contre la monarchie.
Il aura besoin d'argent et d'armes. Il m'a laissé entendre cela d'une manière assez claire ». Selon les archives israéliennes, André Chouraqui organisera, le 26 mars 1960 à Paris, une rencontre entre Mehdi Ben Barka et Yacoov Karoz , numéro deux du Mossad.
Yigal Bin-Nun produit à l'appui de sa thèse un autre document d'archives provenant du Congrès mondial Juif (CMJ). Il s'agit là aussi d'un compte rendu d'une rencontre entre Mehdi Ben Barka et Alexandre Easterman du CJM, à Paris le mardi 5 avril 1960.
Selon ce document, c'est à la demande du leader marocain que la rencontre eut lieu. Easterman y rapporte l'argumentaire déployé par Ben Barka pour s'assurer l'aide du CJM dans son combat contre le pouvoir réactionnaire représenté par la monarchie marocaine.
Ben Barka aurait évoqué une fois encore, l'opposition de son mouvement à la politique de Nasser, et le soutien dont il jouit auprès de nombreux pays africains.
Alexandre Easterman écrit avoir questionné Ben Barka sur la rupture des rapports postaux entre le Maroc et Israël, le refus de permettre de délivrer des passeports aux Juifs marocains pour leur permettre d'émigrer en Israël et le refus d'Abdallah Ibrahim de le recevoir quand il s'était rendu au Maroc.
Ben Barka aurait évoqué là aussi les forces réactionnaires qui rendent toute politique d'ouverture impossible vis-à-vis d'Israël. Il aurait promis à son interlocuteur qu'il s'arrangerait pour que Abdallah Ibrahim le rencontre lors de sa prochaine visite au Maroc.
Selon ce compte rendu, Mehdi Ben Barka a réitéré sa demande d'assistance. « Il (Mehdi Ben Barka) espérait que le Congrès Juif Mondial (CJM ) allait se joindre aux autres éléments "libéraux" pour soutenir son groupe par tous les moyens, et que c'était dans l'intérêt des Juifs que le Congrès devait le faire.
Je lui ai demandé ce qu'il entendait par soutien, et il a répondu : ''Soutien moral et matériel''. Il n'a pas précisé ce qu'il entendait par là et je ne lui ai pas demandé », rapporte Easterman dans ce document.
En conclusion, le dirigeant écrit très cyniquement : « J'ai appris à Paris que Ben Barka avait rencontré nombre de personnes et de délégations juives durant ces dernières semaines. Il apparaît donc qu'il ne m'a pas accordé un privilège spécial en me rencontrant si ce n'est le fait de s'être déplacé chez moi plutôt que le contraire. »
Et d'ajouter : « La nouvelle, et sans précédente sollicitude de Ben Barka à l'égard des Juifs, montre indubitablement sa volonté de nous rassurer, à la lumière de ce qui s'est récemment passé au Maroc. Ses promesses de tout arranger signale son souhait d'obtenir un soutien juif, quel que soit le sens qu'il donne au mot soutien. D'un autre côté, tout ceci suggère que sa position est bien plus faible qu'il ne veut nous le laisser croire. »
Deux événements feront pencher le soutien des organisations juives et d’Israël au profit de celui qui à l’époque n’était encore que prince héritier, Moulay Hassan. En Mai 1960, Mohammed V limoge le gouvernement Ibrahim et installe un gouvernement à la tête duquel il met son propre fils. Le prince Héritier accepte de rencontrer Alexandre Easterman après avoir délégué précédemment Bensalem Guessous à Golda Meir à Jérusalem, et se montre attentif à ses requêtes concernant la sortie des Juifs du Maroc. Un « deal » qui prendra corps en août 1961 avec une véritable évacuation orchestrée des Juifs marocains.
L’historien israélien affirme que Ben Barka, d’après le témoignage de Jo Golan, conseillé de Nahum Goldman, a même effectué un voyage en Israël. Il a aussi reçu un salaire de la part des dirigeants du Congrès Juif Mondial, malgré quelques réticences de la part du ministère des Affaires Etrangères à Jérusalem.
Ben Barka demanda aussi d’envoyer des stagiaires marocains de son parti à l’Institut Afro-asiatique de la Histadrut à Tel-Aviv.
M. Bin-Nun souligne que Ben Barka n’a même pas daigné demander à ses interlocuteurs de garder en secret ses relations avec Israël. Les Israéliens essayèrent de le persuader le leader de la gauche de contenir ses projets belliqueux, de collaborer avec ses adversaires et de ne pas s’aventurer dans une lutte armée contre le Palais.
Ben Barka,
était aussi
était aussi
Du nouveau sur Ben
Barka qui va certainement faire couler beaucoup d’encre. En effet, dans sa
dernière édition, L’Express fait une révélation de taille. Selon
l’hebdomadaire français, Mehdi Ben Barka aurait été un agent des services
secrets tchécoslovaques. Cette assertion a été faite par un journaliste et
historien, Petr Zidek, sur la base d’un dossier de 1550 pages sorties directement
des archives de la StB, la sécurité d’Etat tchécoslovaque. Par le passé,
L’Express a réservé bon nombre de ses unes à l’affaire Ben Barka. Quatre jours
après la disparition de Ben Barka, le journal avait commis un premier article,
“Les étranges coïncidences de l’affaire Ben Barka”. Puis, le 10 janvier 1966,
la Une de l’hebdomadaire est consacrée à ce qui devenait alors l’Affaire Ben
Barka suite au témoignage de Georges Figon et portera le fameux titre “J’ai vu
tuer Ben Barka”. Deux semaines plus tard, L’Express lance un feuilleton qui
sera la “cover story” de l’hebdomadaire pendant cinq semaines intitulé “A
verser au dossier de l’instruction”. Les journalistes de L’Express feront même
partie de l’armada des témoins qui vont défiler durant le fameux procès.
«Pragmatique mais pas sympathique»
Mais, qu’est-ce que nous apprend ce dossier réservé à un personnage majeur de l’Histoire contemporaine du Maroc ? D’après le journaliste tchèque auteur de cette enquête, l’opposant progressiste était d’abord un agent de l’Est qui avait un rang de contact confidentiel. Il aurait porté le nom de code de “Cheikh”. Et il fournissait des informations à divers officiers traitants moyennant de l’argent. Par ailleurs, les 1550 pages de ce dossier qui porte, selon Petr Zidek, le numéro de référence 43-802, évoquent aussi l’homme qu’il était. Zidek dira par exemple qu’à «la lecture des documents, on découvre un homme très pragmatique et pas forcément sympathique».
L’enquête de L’Express raconte en détail l’aventure de Ben Barka avec les services de renseignement de ce pays de l’Est. D’une première rencontre en mars 1960, fruit d’un pur hasard, les liaisons qui vont se tisser entre l’homme de la gauche et les agents secrets de ce pays communiste, satellite de l’Union soviétique, vont se consolider. Un agent de renseignement de la Stb, le capitaine Zdenek Micke tisse au départ une relation, de prime abord innocente. Au départ Ben Barka devait ignorer au départ la véritable profession de cet homme qui se présentait à lui au restaurant “Le Fouquet’s” comme deuxième secrétaire de l’ambassade de Tchécoslovaquie à Paris. Le contenu des conversations entre les deux hommes est largement étalé dans les fiches que Zidek a récupérées. En voici un extrait datant de la même période, c’est-à-dire en mars 1960, tel que raconté par le capitaine tchèque : «Ben Barka ne voit qu’une seule issue pour son pays : s’engager dans la voie du socialisme. La première condition est l’unification de toutes les forces de progrès du pays dans une organisation politique. C’est pourquoi il veut traiter avec Ali Yata pour obtenir l’accord du parti communiste marocain».
1500 francs/mois
Les rencontres vont alors se multiplier. Et les séjours en terres tchécoslovaques aussi. Au total, le dirigeant de l’opposition fera onze séjours dans ce pays. Le premier en septembre 1961. Le dernier, le 1er octobre 1965, soit quatre semaines avant son enlèvement. A propos de cette visite, Petr Zidek écrit que «ceux qui le croisent alors décrivent un homme apeuré. Inquiet pour sa sécurité, il demande même à l’agent tchèque de lui fournir un revolver, calibre 7,65 mm. Ce dernier s’engage à lui procurer une arme lors de son prochain séjour. Mais l’opposant marocain ne reviendra pas…».
Le journaliste et historien Petr Zidek raconte en détail la première visite de Ben Barka en terre tchécoslovaque, «en vue de présenter au “cheikh” les succès du socialisme et du patrimoine culturel du pays». C’était en septembre 1961. L’homme fait la découverte de Prague. Il rencontre des syndicalistes, des étudiants. Mais, dans les fiches décryptées par Zidek, il est question aussi de vie privée. Des virées nocturnes mais aussi de relations qu’il aurait entretenues avec des femmes. Puis, il y a le volet rémunération. Immédiatement après le voyage effectué en Tchécoslovaquie, le journaliste parle d’une rémunération que les services de renseignement auraient consentie à verser au leader de l’UNFP. «Ben Barka reçoit 1500 francs par mois en échange de documents qu’il présente comme étant des bulletins du Service de documentation et de contre-espionnage français, le Sdece», apprend-t-on de l’enquête. La StB aurait même financé le voyage de Ben Barka en Guinée. De retour au Maroc en mai 1962, les contacts se feront plus rares. Ils reprendront après son second exil de juin 1963. Selon Zidek, Ben Barka va dès lors multiplier les séjours et les passages par les hôtels luxueux de Prague. Il s’y rendra aussi en compagnie de sa famille. En 1964, les relations entre le chef du Mouvement de libération des pays du tiers-monde et la StB vont se refroidir. Un capitaine des services de renseignements tchèques, un certain “Doubek” va même rédiger un rapport où il qualifiera Ben Barka de «progressiste dans les contacts avec nous, proaméricain dans les contacts avec les Américains et opportuniste dans les contacts avec Bourguiba, Nasser et les baâtistes d’Irak et de Syrie. Les amis du KGB pensent qu’il a été corrompu par les Chinois».
Selon ces fiches, le président de la Tricontinentale aurait même suivi une formation en techniques de l’espionnage : les langages codés, connexions radio…
«Pragmatique mais pas sympathique»
Mais, qu’est-ce que nous apprend ce dossier réservé à un personnage majeur de l’Histoire contemporaine du Maroc ? D’après le journaliste tchèque auteur de cette enquête, l’opposant progressiste était d’abord un agent de l’Est qui avait un rang de contact confidentiel. Il aurait porté le nom de code de “Cheikh”. Et il fournissait des informations à divers officiers traitants moyennant de l’argent. Par ailleurs, les 1550 pages de ce dossier qui porte, selon Petr Zidek, le numéro de référence 43-802, évoquent aussi l’homme qu’il était. Zidek dira par exemple qu’à «la lecture des documents, on découvre un homme très pragmatique et pas forcément sympathique».
L’enquête de L’Express raconte en détail l’aventure de Ben Barka avec les services de renseignement de ce pays de l’Est. D’une première rencontre en mars 1960, fruit d’un pur hasard, les liaisons qui vont se tisser entre l’homme de la gauche et les agents secrets de ce pays communiste, satellite de l’Union soviétique, vont se consolider. Un agent de renseignement de la Stb, le capitaine Zdenek Micke tisse au départ une relation, de prime abord innocente. Au départ Ben Barka devait ignorer au départ la véritable profession de cet homme qui se présentait à lui au restaurant “Le Fouquet’s” comme deuxième secrétaire de l’ambassade de Tchécoslovaquie à Paris. Le contenu des conversations entre les deux hommes est largement étalé dans les fiches que Zidek a récupérées. En voici un extrait datant de la même période, c’est-à-dire en mars 1960, tel que raconté par le capitaine tchèque : «Ben Barka ne voit qu’une seule issue pour son pays : s’engager dans la voie du socialisme. La première condition est l’unification de toutes les forces de progrès du pays dans une organisation politique. C’est pourquoi il veut traiter avec Ali Yata pour obtenir l’accord du parti communiste marocain».
1500 francs/mois
Les rencontres vont alors se multiplier. Et les séjours en terres tchécoslovaques aussi. Au total, le dirigeant de l’opposition fera onze séjours dans ce pays. Le premier en septembre 1961. Le dernier, le 1er octobre 1965, soit quatre semaines avant son enlèvement. A propos de cette visite, Petr Zidek écrit que «ceux qui le croisent alors décrivent un homme apeuré. Inquiet pour sa sécurité, il demande même à l’agent tchèque de lui fournir un revolver, calibre 7,65 mm. Ce dernier s’engage à lui procurer une arme lors de son prochain séjour. Mais l’opposant marocain ne reviendra pas…».
Le journaliste et historien Petr Zidek raconte en détail la première visite de Ben Barka en terre tchécoslovaque, «en vue de présenter au “cheikh” les succès du socialisme et du patrimoine culturel du pays». C’était en septembre 1961. L’homme fait la découverte de Prague. Il rencontre des syndicalistes, des étudiants. Mais, dans les fiches décryptées par Zidek, il est question aussi de vie privée. Des virées nocturnes mais aussi de relations qu’il aurait entretenues avec des femmes. Puis, il y a le volet rémunération. Immédiatement après le voyage effectué en Tchécoslovaquie, le journaliste parle d’une rémunération que les services de renseignement auraient consentie à verser au leader de l’UNFP. «Ben Barka reçoit 1500 francs par mois en échange de documents qu’il présente comme étant des bulletins du Service de documentation et de contre-espionnage français, le Sdece», apprend-t-on de l’enquête. La StB aurait même financé le voyage de Ben Barka en Guinée. De retour au Maroc en mai 1962, les contacts se feront plus rares. Ils reprendront après son second exil de juin 1963. Selon Zidek, Ben Barka va dès lors multiplier les séjours et les passages par les hôtels luxueux de Prague. Il s’y rendra aussi en compagnie de sa famille. En 1964, les relations entre le chef du Mouvement de libération des pays du tiers-monde et la StB vont se refroidir. Un capitaine des services de renseignements tchèques, un certain “Doubek” va même rédiger un rapport où il qualifiera Ben Barka de «progressiste dans les contacts avec nous, proaméricain dans les contacts avec les Américains et opportuniste dans les contacts avec Bourguiba, Nasser et les baâtistes d’Irak et de Syrie. Les amis du KGB pensent qu’il a été corrompu par les Chinois».
Selon ces fiches, le président de la Tricontinentale aurait même suivi une formation en techniques de l’espionnage : les langages codés, connexions radio…
La note rédigée par l'agent tchèque «Motl»,
après ses deux premières rencontres avec Ben Barka, au printemps 1960, à
Paris. Au dessus, la fiche de l'agent «Motl». De son vrai nom Zdenek Micke,
ce capitaine des services de renseignement a travaillé sous couverture
diplomatique à Paris, de novembre 1959 à janvier 1967.
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’’مراكش تايمز’’ منبر
لمن لا منبر له, و صوت لمن لا صوت له, و ظل لمن لا ظل له, موقع الدراويش و الله
الموفق و السلام عليكم.
ذ محمد كوحلال كاتب
مدون ناشط حقوقي مستقل مراكش المملكة المغربية
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